Le Groenland… Qu’il nous paraît lointain. Cela s’explique, tant cette contrée est différente de l’Europe tempérée que nous connaissons. Mais alors, se résume t-il à un désert de glace ? Qui peuple le Groenland, et qu’y a t-il de si formidable là-bas qu’il nous faille absolument protéger ?

Pour ne pas vous assommer, cet article est divisé en plusieurs parties: chacune vise à faire découvrir une des nombreuses facettes de ce territoire, pour terminer par un constat des dégâts déjà causés par le réchauffement climatique, et surtout un message d’espoir.

Vous pouvez vous rendre directement à la partie qui vous intéresse en cliquant sur les liens suivants.

Partie 2: Culture et Géopolitique (A venir)

Partie 3: Climat: des dégâts et de l’espoir (A venir)

A quoi ça ressemble, le Groenland ?

L’entrée dans l’Inlandsis par une bédière à Kangerlussuaq, mon point d’arrivée

Les verdoyantes côtes du Groenland, l’été !

La plus grande île du monde (L’Australie étant un continent) est un territoire à la fois vaste, diversifié, et magnifique. Contrairement à ce que les non-initiés pourraient croire, ce n’est pas une terre uniforme, couverte uniquement par de la glace et de la neige. Le mot Groenland signifie d’ailleurs Terre Verte: il a été ainsi baptisé par Erik le Rouge, désireux d’amener les colons Scandinaves de l’époque à le rejoindre.

Si ce pays grand comme 4 fois la France est recouvert à 80% par une très épaisse couche de glace, il existe bel et bien des endroits pouvant verdoyer en été sur les côtes ! Les températures y sont d’ailleurs bien plus clémentes qu’à l’intérieur du pays (-10°C en hiver en moyenne, 6°C en été pour Nuuk, la capitale).
Les êtres humains se sont naturellement établis sur ces côtes, seul théâtre de la vie sauvage. En les parcourant, vous pourriez y admirer la banquise, des baleines, des bœufs musqués, de majestueux glaciers, producteurs d’Icebergs… Ou encore vous baigner, dans une source chaude dont la température reste entre 34°C et 38°C… Incroyable n’est-ce pas ? La liste reste loin d’être exhaustive.

Si vous avez l’audace de franchir les glaciers aux mille crevasses pour voir ce qu’il y a à l’intérieur du Groenland, vous vous confronterez alors à l’Inlandsis: une gigantesque calotte glaciaire épaisse de plusieurs kilomètres, glaciale, sans vie, mais certainement pas dépourvue de merveilles naturelles.

La plupart de ces dernières sont grandement menacées par le réchauffement climatique. Mais décrivons les plus en détails avant d’aborder ces changements destructeurs contre lesquels nous devons tous lutter, aussi bien pour le Groenland que pour le reste du monde.

Ce qu’on peut y trouver d’extraordinaire

Extraordinaire. Le mot est fort, alors il me faut assumer et ne pas vous décevoir. Le Groenland n’a aucune chance de le faire sur ce point.

L’Inlandsis, l’immense calotte glaciaire recouvrant 80% du Groenland, est une merveille naturelle vieille de plus d’un demi-million d’années.

Imaginez seulement, une couche de glace en forme de dôme, épaisse de plus de 3 kilomètres en son centre, où aucune forme de vie n’a sa place. La température est glaciale: considérant le fait que chaque kilomètre d’altitude fait perdre environ 7°C, vous pouvez en déduire que sur l’Inlandsis, il fait au moins 20°C de moins que sur les côtes. Pas d’odeurs, pas de bruits, seulement le silence, ou le vent qui hurle, alternativement.

Ce vent, le Piterak, est un vent catabatique: une enveloppe d’air froid se forme au sommet du dôme. L’air froid étant plus lourd que l’air chaud, il se met à dévaler le dôme jusqu’aux côtes, pouvant atteindre plus de 300km/h. Ces vents et ceux de l’Antarctique sont les plus violents du monde. Leurs effets sur la surface de l’Inlandsis sont notables: les vents dominants sculptent la glace pour former de splendides petites dunes pouvant atteindre plus d’un mètre de haut: les sastrugis.

La glace du Groenland recèle d’autres trésors: les bédières. Ce sont des cours d’eau, issus de la fonte de glaciers, qui les parcourent en creusant des magnifiques sillons, parfois des moulins (sorte de puits) ! Ces cours d’eau peuvent être de véritables torrents: ces eaux bleues courant sur les glaciers d’un blanc immaculé offrent un spectacle aussi magnifique que dangereux: malheur à qui est pris dans le courant d’une bédière, ou se précipite dans un moulin !

Levons la tête vers le ciel. Le Groenland est aussi un des meilleurs endroits au monde pour admirer des aurores boréales. Ce phénomène surréaliste, est une manifestation de l’énergie produite par la rencontre entre les particules émises par le vent solaire, et le point faible de champ magnétique terrestre, de forme ovale et situé autour des pôles.

Un autre phénomène plus rare encore, mais pas moins éblouissant: les parhélies. Imaginez: vous levez la tête et contemplez un le soleil. Au lieu de voir un simple soleil… Vous en voyez plusieurs. Vous en voyez trois, alignés dans le ciel ! Il peut même y en avoir plus.

Pour voir ce phénomène, les astres doivent s’aligner (mauvais jeu de mots, je vous l’accorde). Le soleil doit être bas (il est généralement rasant en Arctique), en présence de nuages bas chargés de cristaux de glace. En tombant, ces cristaux peuvent s’orienter dans le même sens, et former un réseau de prismes reflétant la lumière solaire.

Si vous ne vous doutiez pas de l’existence de ces phénomènes incroyable, vous êtes servi. Que vous alliez les admirer un jour ou non, gardez à l’esprit qu’ils existent et sont merveilleux. La Terre nous gâte, et nous serions bien avisés d’en faire autant avec elle. 

Le Piterak mène la vie dure aux vivants

Une bédière creusant un moulin !

Une splendide aurore boréale à Sisimiut

Schéma explicatif issu de Wikipedia

Admirez donc ce splendide parhélie en Suède !

Une faune riche

Le roi de l’Arctique

Le renard Arctique ne se pare de blanc qu’en hiver

La faune Arctique et Groenlandaise reste relativement méconnue du grand public. Nombreux sont ceux qui croient par exemple que l’on peut y trouver des manchots (qui vivent sur et autour du continent Antarctique !) alors qu’il n’en est rien.

En réalité, on y rencontre de nombreuses espèces emblématiques des régions polaires, formidablement adaptées à ces climats extrêmes.
Parmi elles, il y a bien sûr l’ours polaire. Plus grand prédateur terrestre (un mâle peut peser une tonne et mesurer près de 4 mètres de haut debout…), il vit sur les côtes et la banquise. Son mode de vie est assez simple: trouver le plus de nourriture possible (des phoques, principalement) en hiver lorsque la banquise est formée pour constituer des réserves de graisse, puis patienter sur les côtes lorsqu’elle disparaît en été, en dépensant le moins d’énergie possible jusqu’au prochain hiver.

Le réchauffement climatique induit naturellement une disparition extrêmement rapide de la banquise Arctique. Il y a 30 ans, elle était quasiment aussi étendue en été qu’elle ne l’est… En hiver aujourd’hui. Nul besoin de faire un dessin: la fenêtre temporelle où les ours peuvent chasser est de plus en plus réduite, ils doivent parfois nager des centaines de kilomètres pour rejoindre la banquise. A ce rythme, ils disparaîtront bientôt.

Sur terre, vous pouvez trouver de beaux bœufs musqués: ce ne sont pas des bovins, mais des caprinés (famille des chèvres, moutons, chamois). Pesants près de 400kg et recouverts d’une épaisse toison qui leur permettent de vivre leur vie, même par -50°C ! Ils sont accompagnés par les rennes du Groenland dans leur perpétuelle quête de nourriture végétale, enfouie sous la neige.

Les lièvres polaires, formidable animaux aux pattes en forme de raquettes, sont chassés par les renards Arctiques, tout comme le sont les lemmings (un rongeur proche du campagnol) et plusieurs espèces d’oiseaux.

Du côté de la mer, s’ébattent phoques et morses (ces derniers sont massifs, environ 1500 kg !), mais aussi orques, baleines

La plupart de ces animaux sont menacés par le réchauffement climatique, à de rares exceptions près. Certaines, comme le loup Arctique, semblent avoir déjà disparu du Groenland…

Des orques sur les côtes du Groenland

Le majestueux renne du Groenland

Un blanchon, ou le fameux “bébé phoque”

Des morses, sur la côte Nord-Est du Groenland