Dérèglement climatique: une réalité
Introduction
Vous avez sous doute déjà entendu parler de dérèglement, ou de réchauffement climatique. Mais comment savoir s’il s’agit d’un phénomène réel ?
Ici, nous allons voir ce que signifie dérèglement climatique, et en quoi son existence n’est plus un débat. Nous effleurerons les conséquences de ce réchauffement, avant de revenir dessus plus en détails plus tard. Les mécanismes de ce réchauffement et ses solutions seront eux aussi expliqués dans de prochains articles.
Prêts ? C’est parti !
Ne pas confondre météo et climat
Prenons soin de différencier deux notions: celle de climat et celle de météorologie.
Prédire le temps qu’il fera dans 2 jours à Lyon, qu’il s’agisse de température, de précipitations ou d’autre chose… Relève de la météorologie. La météorologie s’intéresse à des valeurs instantanées et locales à très court terme: température, précipitations, nébulosité, pression… Son objectif est de parvenir à prédire le temps qu’il fera dans quelques jours au maximum.
Le climat s’intéresse lui à l’ensemble des facteurs météorologiques qui caractérisent une région plus vaste, sur une période de temps beaucoup plus longue (au minimum 30 ans, d’après la définition de l’OMM).
C’est grâce à la climatologie que l’on peut définir ce que sont des “normales de saison” pour une région donnée. Nous pouvons bien ignorer le temps qu’il fera demain à Barcelone ou à Ittoqqortoormiit au Groenland. Mais nous savons qu’en règle générale, Barcelone connaît un climat méditerranéen, et pouvons deviner qu’Ittoqqortoormiit connaît sans doute un climat polaire, tandis qu’un climat tropical règne près de la ligne de l’équateur. Si vous souhaitez en savoir plus sur les différents climats existants, sachez qu’ils sont classifiés en fonction des températures et des précipitations d’après la classification de Köppen-Geiger.
Un climat qui se réchauffe ne signifie donc pas qu’il ne peut plus ponctuellement faire froid. Cela signifie simplement qu’en moyenne et sur une longue période, il fera plus chaud. Tout cela peut-être illustré à merveille par une simple planche de Galton. Inclinée, elle illustre la distribution des températures après un forçage radiatif (pas de panique, nous expliquerons très simplement de quoi il s’agit dans les prochains articles !).
On comprends alors facilement que par rapport à la situation initiale (pas de réchauffement), les températures chaudes deviennent plus probables que les températures froides. De la même façon, les chaleurs extrêmes deviennent beaucoup plus fréquentes que les froids extrêmes. Voilà pourquoi nous battons aujourd’hui très souvent des records de chaleur, et très rarement des records de froid.
Si au repas de Noël, votre oncle vous raconte qu’il n’y a sûrement pas de réchauffement climatique puisqu’il a fait froid la semaine précédente, vous pouvez d’ores et déjà lui expliquer aussi calmement que possible la différence entre météorologie et climat.
Dérèglement ou réchauffement climatique ?
Le terme “réchauffement climatique” vient désigner un phénomène simple: l’augmentation de la température moyenne terrestre (atmosphère, océans), sur une période de plusieurs décennies, (rappelez vous, on parle de climat et pas de météo !). Il ne désigne donc ni un phénomène local, ni ponctuel.
Comme nous le verrons plus tard, une augmentation ou une diminution de la température moyenne terrestre, même faible, peut avoir de nombreuses conséquences, pas toujours simples à imaginer. Elles sont malheureusement le plus souvent dramatiques, pour la biodiversité comme pour l’être humain. Les espèces, animales et végétales, n’ont pas le temps de s’adapter à des changements si soudains. Et l’être humain est simplement assis sur ce château de cartes que constitue la biodiversité. Même en admettant que vous surviviez aux conséquences du dérèglement climatique dans un bunker sous-terrain, si plus rien ne pousse, que les océans se vident et que les animaux disparaissent… Bref, que la biodiversité s’effondre, nous disparaîtrions aussi. Ce n’est peut-être pas commode, mais le monde est ainsi fait.
A cause des ces phénomènes, on préfère parler de dérèglement climatique: le climat est une chose relativement stable sur une longue échelle de temps, et de telles perturbations le dérèglent profondément…
Un constat implacable
Pour établir des statistiques climatiques, il faut être en mesure d’observer un ensemble de valeurs météorologiques en permanence, sur une longue période de temps. C’est une chose que fait l’humanité depuis plus de 150 ans. Partout dans le monde, on trouve des stations météorologiques dont les données recueillies sont compilées, comparées, vérifiées, archivées. Nous sommes donc en mesure d’évaluer l’évolution des températures entre 1850 et aujourd’hui de manière très précise. (Il existe même des façons de retracer les climats passés, ce que nous expliquerons plus tard).
Le constat est sans appel: la température moyenne de la surface de la planète (océans et atmosphère) a augmenté de 1.1°C depuis 1850. Cela peut paraître peu, mais en réalité c’est énorme (nous verrons ensuite en quoi 1 ou 2 petits degrés de plus changent radicalement la face du monde), et la tendance va en s’accélérant. Le rythme du réchauffement actuel est absolument inédit, à tel point que les 7 dernières années sont… Les 7 années les plus chaudes jamais enregistrées ! Drôle de coïncidence non ? A l’échelle de la planète, ce réchauffement est extrêmement rapide et brutal.
La température moyenne du globe ces 20000 dernières années, depuis l’ère glaciaire.
Voilà qui permet de comprendre pourquoi, à l’échelle de la planète, un réchauffement aussi brutal est inédit… Les cycles naturels ont bon dos !
Ce réchauffement global n’intervient pas partout à la même vitesse. Certaines régions du monde se réchauffent bien plus vite que les autres ! Ci-dessous, une vidéo de la NASA illustre ce phénomène. On y voit à quel point il accélère, et à quel point les régions polaires, l’Arctique notamment, se réchauffent plus vite que le reste de la planète.
Et tout le monde est d’accord là-dessus ?
Le réchauffement climatique est une réalité, que l’on a pu établir et quantifier. De nombreuses années durant, des personnes climatosceptiques ont cherché à faire gober n’importe quoi et mettre en doute son existence. Aujourd’hui, elles ne peuvent plus nier l’évidence. Si elles se font de moins en moins nombreuses, certaines s’acharnent encore à désinformer en tentant d’en attribuer l’origine à des causes naturelles, ou en minimisant les conséquences de ce réchauffement, prétendant que l’être humain saura s’y adapter. Nous verrons plus tard en quoi c’est nous prendre pour des crétins, et pourquoi ces personnes ont intérêt à ce que rien ne change, peu importe s’il faut pour cela désinformer et envoyer l’humanité dans le mur.
Parmi la communauté scientifique, l’existence du réchauffement climatique ET son origine humaine font consensus. Cela signifie que l’immense majorité des scientifiques (estimée en 2016 à 97%, en constante augmentation) en est absolument convaincue. Pourtant, la moitié de la population croit encore que les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux. C’est un gros problème, parce que les scientifiques n’ont pas le pouvoir de décision. C’est donc à nous de changer la donne, et c’est pour combler ce gap qu’existe cette série d’articles de vulgarisation: la plupart des médias ne font pas leur travail correctement sur le sujet, soit en ne lui accordant pas l’importance et l’urgence qu’il mérite, soit en désinformant complètement par intérêt personnel dans les pires des cas ! Gardons à l’esprit que le monde réel se fiche pas mal de notre opinion sur le sujet… Il s’agit d’un fait établi, pas d’un débat ! Penser que la Terre est plate ne l’empêchera pas d’être ronde, et pourtant il existe toujours des personnes pour prétendre le contraire, avec des arguments que l’on qualifiera de bancals pour rester pudiques. Nier l’existence du réchauffement climatique relève du même procédé ! Le sujet est simplement plus technique que le précédent, et il existe plus de personnes ayant personnellement intérêt à mentir sur le sujet que de personnes gagnant à prétendre que la Terre est plate.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la nature de ce consensus scientifique, je vous renvoie à cette courte mais excellente lecture. Le groupe scientifique faisant référence sur le sujet du changement climatique est le GIEC (Groupement Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) dont vous avez peut-être déjà entendu parler. Constitué de scientifiques de 195 pays différents, il a pour rôle de synthétiser les connaissances de l’humanité sur le changement climatique, et de les analyser. La crédibilité de ses rapports est si élevée que jusqu’à présent, l’intégralité de ses publications ont été approuvée à l’unanimité par les 195 pays représentées dans cette assemblée de scientifiques (y compris des pays comme la Chine, les USA, l’Arabie-Saoudite… ).
Ses conclusions récentes démontrent que la situation est d’une urgence absolue, et que nos sociétés n’ont aucune chance de pouvoir s’adapter à un réchauffement de trop grande ampleur. Elles montrent également que nous avons déjà des solutions efficaces à portée de main !
Rassurez-vous, nous n’allons pas nous contenter de dire que les scientifiques sont d’accord entre eux. Nous allons expliquer le dérèglement climatique et ses mécanismes en détails, de sorte que vous compreniez ses causes, ses conséquences, ses solutions, et l’urgence qu’il y a à agir.
La température moyenne du globe depuis 1880.
Signes visibles du dérèglement climatique
Le dérèglement climatique est déjà à l’œuvre, puisque nous avons déjà gagné 1.1°C depuis l’ère industrielle. Aussi, nous pouvons déjà observer des conséquences très concrètes. Nous nous étendrons dans d’autres articles sur chacune de ces conséquences, mais en voici quelques unes:
- Le niveau de la mer monte: les côtes sont grignotées, des archipels sont submergés, contraignant des populations à l’exil. Des régions, voir des pays entiers sont menacés de disparition.
- Les glaciers reculent et disparaissent. Entre 2000 et 2019, la fonte des glaciers du monde a atteint 267 milliards de tonnes par an en moyenne, de quoi submerger un pays comme la Suisse d’une hauteur de six mètres chaque année. Cela a pour effet de perturber le cycle de l’eau, d’accentuer les sécheresses en été et les risques d’inondations en hiver. La fonte de glaciers immenses, comme ceux du Groenland et de l’Antarctique, causerait une élévation du niveau de la mer d’au moins 70 mètres.
- La banquise fond. Sa disparition détruit les écosystèmes et les peuples qui en dépendent. Comme les glaciers, elle participe à refroidir notre planète par effet d’albédo. Plus elle fond, plus la planète se réchauffe vite. Plus la planète se réchauffe vite, plus elle fond rapidement. C’est ce que l’on appelle une boucle de rétroaction positive, que nous expliquerons plus tard.
- Les évènements extrêmes deviennent de plus en plus fréquents: sécheresses, canicules, inondations, ouragans… L’année 2021 a été marquée par une hausse du nombre d’inondations extrêmes (Allemagne, Belgique, Chine…), par des vagues de froid (Texas, France en Avril) et de chaleur extrêmes (au point qu’un village soit rayé de la carte au Canada après… que la température ait dépassé 50°C), de méga-feux dévastateurs (Australie, Sibérie, Californie, pourtour Méditerranéen)… Tout cela au point que la fédération française des assurance s’inquiète des hausses énormes des coûts liés aux catastrophes naturelles ! A Madagascar, les sécheresses successives plongent la population dans une famine meurtrière.
Cette liste est malheureusement loin d’être exhaustive, et la fréquence de ces évènements extrêmes continuera d’augmenter d’année en année tant que la planète se réchauffera.
Ce qu’il faut en retenir
- La météo et le climat sont deux choses différentes. La météo s’intéresse aux prévisions à très court terme, tandis que le climat décrit des caractéristiques climatiques à bien plus long terme: trente ans minimum.
- Le dérèglement climatique existe et la Terre se réchauffe à un rythme inédit, ce qui a et aura des conséquences désastreuses pour la biodiversité et l’humanité.
- Les scientifiques du monde entier sont d’accord sur le sujet. Le dérèglement climatique est une réalité, et cette réalité scientifique se fout pas mal de votre opinion sur le sujet. Croire que la Terre est plate ne l’empêchera pas d’être ronde: il ne s’agit donc aucunement d’un débat.
- La population mondiale est très loin de partager la certitude du monde scientifique. Des minorités de personnes climatosceptiques œuvrent à désinformer par intérêt personnel.
- Les conséquences du dérèglement climatique sont pourtant déjà visibles, chaque année, un peu partout dans le monde.
- Vous avez le pouvoir de faire changer les choses en vous informant sur le sujet et en prenant des décisions en conséquence. Par vos actions, vos achats, votre bulletin de vote…
A présent, l’heure est venue d’expliquer comment fonctionne notre climat. Ce chapitre, légèrement technique mais très important nous donnera les clés pour comprendre la suite !