Ce dont j’ai besoin

Pour mener une expédition polaire, il faut être préparé mentalement, physiquement, techniquement. C’est un voyage vers le Grand Nord, aux confins du monde et de soi-même.

Défier des températures aussi extrêmes n’implique pas qu’une grande détermination. Porter des vêtements techniques est vital, sans quoi le corps se trouve rapidement cryogénisé, la détermination avec. Marcher trente jours durant nécessite également des vivres, l’être humain étant constitué différemment d’un dromadaire. Ajoutons qu’en cas d’urgence, simplement crier « Au secours » au beau milieu de l’Inlandsis Groenlandais, se trouverait être aussi utile que la touche « ¤ » de votre clavier. D’ailleurs, cela ne déclencherait même pas d’avalanche. A ce compte, mieux vaut compter sur la fiabilité d’une balise GPS.

Je ne pourrai éviter d’aborder le sujet de la préparation technique qui ne peut se faire entièrement sur YouTube. Ou d’évoquer les billets d’avion aller-retour pour le Groenland.

En résumé, pour que cette expédition puisse voir le jour et être un succès, il y a besoin d’argent et de matériel choisi soigneusement. Je détaillerai ici le matériel retenu pour l’expédition: si vous pouvez m’aider à en faire l’acquisition ou la location, je vous en serais très reconnaissant!

La préparation

Des pneus, un harnais. La base de la préparation physique, même si elle ne coûte presque rien!

Outre la préparation physique et mentale, qui recevront un traitement de faveur en faisant chacune l’objet d’un article à part, il faut se préparer techniquement à l’expédition. Comment s’habiller correctement ? Comment monter sa tente, ou s’abriter en urgence si on vient à la perdre? Comment boire et s’alimenter par -40°C ? Comment garder le cap, reconnaître le type de glace sur laquelle on se trouve, éviter les crevasses ou avancer en pleine tempête?

Les questions que l’on peut se poser avant de se lancer dans ce genre d’expédition sont nombreuses.Plus encore lorsqu’il s’agit d’une première en solitaire ! Elles doivent trouver, pour la plupart, des réponses bien avant de partir. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’apprendre d’explorateurs rompus à ce genre d’exercices, et de pratiquer, avant de partir.

Pour ce faire, la participation à un stage de préparation de 3 jours à une expédition polaire, mené par un explorateur polaire reconnu dans le monde entier, serait la bienvenue! Ce stage se déroulera en Janvier 2021, dans les Alpes Suisses. Le coût de la participation s’élève à 750€, hors frais de déplacement.

Le stage mis à part, il serait salutaire que je pratique seul quelques jours, en tirant ma pulka et en bivouaquant dans ma tente. Un des endroits les plus favorables à ce genre d’entraînement est le parc national  d’Hardangervidda, en Norvège. Je pourrai m’y entraîner quelques jours, un peu plus d’un mois avant mon départ. Le prix de cet entraînement ne devrait pas excéder de beaucoup celui du déplacement vers le parc en question, puisque je passerai mes nuits à bivouaquer !

En résumé

– Stage de préparation dans les Alpes Suisses (750€ hors déplacement)
– Préparation de quelques jours dans le parc national d’Hardangervidda, en Norvège. (Coût du déplacement, du fret)

La sécurité, la communication, l’orientation

Pour partir à l’aventure dans des conditions de sécurité optimales, il faut comme pour le reste être bien équipé. Toute personne menant une expédition dans un endroit très isolé (comme un désert, les pôles, ou la calotte glaciaire Groenlandaise) se doit de se munir d’une balise de détresse (pour alerter les secours en cas de coup dur), d’un dispositif de guidage par satellite (comme le GPS, pour s’orienter), d’un tracker satellite (pour communiquer sa position à intervalles réguliers), et éventuellement d’un téléphone satellite. Rien que ça. Il existe même des dispositifs permettant de se connecter à Internet par satellite, bien que le débit offert soit extrêmement lent.

Au cours de mes recherches, j’ai trouvé deux appareils capables de satisfaire à ces besoins. 

Le premier est le Garmin Inreach Explorer+ (environ 450€ neuf) . Ce petit appareil tout-en-un, de conception solide, permet d’émettre des appels de détresse, de recevoir un signal GPS pour se guider, d’envoyer sa position selon un intervalle défini (toutes les dix minutes, par exemple), de recevoir la météo, et d’envoyer des SMS par satellite. Il permet de voyager dans de décentes conditions de sécurité. 

Le deuxième est l’Iridium Go. Plus onéreux que le précédent (800€), il permet d’accéder aux mêmes fonctionnalités, mais se dote de la faculté de passer des appels vocaux, et de donner accès à Internet. Cette possibilité s’assortit naturellement de la possibilité d’envoyer des images. Ces dernières fonctionnalités ne sont pas indispensables pour la survie, mais très appréciables pour quiconque désire suivre de près l’expédition. 

En dehors de ces précieux appareils électroniques, il faut bien évidemment emmener avec soi au moins deux boussoles, et savoir se repérer au moins approximativement en cas de défaillance de ces dernières.

Le Garmin Inreach Explorer+, un candidat tout-en-un, comme l’Iridium Go.

En résumé:

– Garmin Inreach Explorer+ pour le prix (450€)
– Iridium Go pour la possibilité de communiquer facilement (850€)
– Abonnement Garmin/Iridium (500€)

Les déplacements

Un hélicoptère au Groenland, comme il m’en faudra prendre
entre Kulusuq, mon point d’arrivée, et Copenhague pour Paris.

Les déplacements représentent la majeure partie du coût de l’expédition. Prendre l’avion, le train, l’hélicoptère, a un coût important. En prélude, il me faudra me rendre dans les Alpes Suisses pour un stage de préparation de 3 jours en Janvier 2021. Ensuite, aller m’entraîner afin d’éprouver mes connaissances et mon matériel en Norvège, dans le parc national d’Hardangervidda (fin Février 2021).

Enfin, il me faudra me rendre au Groënland et en revenir (je n’ai pas l’intention d’y rendre l’âme), en prenant en compte le fait que seul un héliport se trouve au point de retour. Là, je devrai prendre un hélicoptère et faire 80 kilomètres pour atteindre l’aéroport le plus proche, inaccessible à pieds.

Les prix varient en fonction de la date de réservation: mieux vaut réserver plusieurs mois à l’avance pour que les prix ne s’envolent pas. Enfin, le prix du fret pour transporter 100kg de matériel est élevé.

 

Coût total estimé: environ 6000€.

En résumé:

– Aller-retour dans les Alpes Suisses, pour effectuer le stage de préparation (Environ 250€)
– Train aller-retour pour le parc national d’Hardangervidda ou du Sarek (Environ 500€)
– Vol aller pour Isortoq (environ 2300€)
– Transport du matériel vers Isortoq (entre 1000€ et 3000€)
– Vol retour Kangerlussuaq – Paris (environ 2000€)
                                

Le matériel

Suivre le cercle polaire arctique sur une longueur d’environ 600 kilomètres implique d’avoir une tente de bonne facture, capable de résister aux tempêtes glaciales balayant parfois l’Inlandsis Groenlandais (des vents allant parfois jusque 200km/h…). De la même façon, une pulka (luge) légère et résistante est indispensable. Avoir des skis adaptés ainsi que de quoi recharger ses appareils électroniques est tout aussi vital. 

Le coût élevé de ce matériel et la nature du besoin (ponctuel) m’ont amené à considérer avec attention l’option de la location pour certains équipements. Une tente de bonne facture comme la Hilleberg Nammatj 2 GT coûte plus de 1000€ à l’achat. Un sac de couchage adapté peut se trouver pour environ 1100€ (Bison GWS -40°C). Mais pour une utilisation de plus d’un mois, le tarif de la location se trouve plus élevé que celui de l’achat. Une bonne pulka se trouve aux alentours de 700€.

Les skis nordiques ne sont pas à oublier, les tarifs variant en fonction de la marque et de la qualité choisie. Pour un mois d’expédition, mieux vaut ne pas se tromper, tout en s’évitant des dépenses superflues. Il est difficile d’avoir un ordre d’idée du prix sans bien connaître le matériel, c’est pourquoi on estimera pour l’instant « à la louche » un prix neuf de 250€, qui sera peut-être éloigné de la réalité, dans un sens ou dans l’autre.

L’achat, neuf comme d’occasion, possède néanmoins l’avantage de permettre une revente, entraînant donc peut-être un coût final moindre. De plus, l’intérêt de la location est plus discutable dès lors que l’on considère le fait qu’il faudra également louer quelques jours lors de l’entraînement en Norvège, dans le Hardangervidda. Le prêt de matériel par une marque ou une enseigne spécialisée pourrait constituer une solution idéale.

Alors, sans prêt, achat ou location? Il faut, à mon sens, considérer avant tout les opportunités qui se présenteront pour chaque équipement, avant de faire un choix.

Une tente, une pulka, des skis. Au milieu du Groenland…

En résumé:

– Tente: 1150€
– Sac de couchage (-40°C): 1100€
– Pulka: 700€ (achat)
– Panneau solaire: 150€
– Skis nordiques: Environ 250€

Les vivres

Ci-dessus, un réchaud. En dessous, de nombreux sachets de nourriture lyophilisée.

Chaque journée, qu’elle soit productive ou non, nous coûte de l’énergie. Cette énergie peut-être mesurée par les calories, qui sont apportées à notre organisme sous forme de nourriture.  Lorsque nous faisons du sport, cette dépense énergétique augmente, et donc avec elle, notre besoin en calories. (Il ne fait pas bon être une porte ouverte lorsque je suis dans les parages, je vous l’accorde.)

Lorsque mercure baisse, notre dépense calorique augmente drastiquement: le simple fait de maintenir sa température corporelle à 37°C nécessite de produire bien plus de chaleur qu’à l’accoutumée, et donc de brûler beaucoup plus de calories. A l’image d’un chauffage dans une pièce aux fenêtres ouvertes en hiver, qui consommerait beaucoup d’énergie et viderait notre porte-feuille. Notre métabolisme augmente. Il est très courant pour les explorateurs polaires confrontés à des températures extrêmement basses, de consommer entre 6000 et 8000 kilocalories par jour, contre 2200 kilocalories par jour pour un homme sédentaire !

Il faut donc manger, énormément. Pour emporter un mois de nourriture dans sa pulka, on doit penser à réduire au maximum son poids (en prenant de la nourriture sèche, lyophilisée), et veiller à emporter avec soi des aliments hyper-caloriques (du gras: des lipides). Pour boire et  hydrater les aliments, on fait fondre de la neige à l’aide d’un réchaud multi-combustible, alimenté par du carburant. Prévoir donc quelques litres de fuel dans sa pulka.

La routine d’une expédition polaire consiste généralement à manger toutes les heures, avec un vrai repas le soir et un énorme petit déjeuner le matin. On ingurgite des barres énergétiques, de la viande séchée, et des aliments très caloriques (beurre, fruits secs, amandes…), avec un pic lors du déjeuner. Le soir, on mange aussi un plat lyophilisé. Cette routine prends du temps, on ne mange pas tout ça en 20 minutes!

On emmène donc un réchaud, de l’essence C pour 30 jours (250mL/jour, réserve de sécurité incluse), une trentaine de repas lyophilisés (8€/repas en moyenne), de la viande séchée (3-4kgs), quelques dizaines de barres de céréales, ainsi que des aliments le plus gras possible. Il est difficile d’estimer le coût global, sans connaître les éventuelles remises possibles sur l’achat en gros. Notre estomac n’a aucun mal à évaluer l’effort de guerre auquel il sera contraint.

Quoiqu’il en soit et comme pour le reste, la générosité de sponsors est la très bienvenue. 

En résumé:

– Deux réchauds multi-combustible MSR XGK EX (environ 175€)
– De l’essence C pour 30 jours (10L)
– Environ 1000€ de nourriture pour 30 jours, avec 8000 kcal/jour

Les vêtements

 Les peuples nordiques sont rompus aux températures boréales. S’y adapter n’a guère plus de secrets pour eux. Ils nous enseignent que dans de telles conditions, la meilleure façon de s’habiller est d’adopter un système de couches: ces dernières permettent d’isoler de l’air « chaud » entre les différentes couches de vêtements (chauffé par notre propre corps). Ces couches d’air nous empêchent de perdre trop de chaleur si elles et nous sommes suffisamment bien isolés de l’extérieur. Un détail important: nous perdons bien plus de chaleur au contact d’un liquide, que d’un gaz comme l’air. C’est pourquoi il faut absolument veiller à pouvoir évacuer la transpiration, sous peine de finir congelé! 

La première couche est une couche de sous-vêtements thermiques relativement moulante, permettant d’évacuer au mieux la transpiration. La deuxième sera constituée d’un vêtement en « polaire », dont la surface grattée permet d’emprisonner un maximum d’air entre la 1ère et la 2ème couche, et donc de perdre le moins de chaleur possible. Enfin, la dernière couche est constituée d’une parka et d’un pantalon 3-en-1, à la fois chauds et imperméables au vent comme à l’eau.

Pour protéger les extrémités, on choisit des sous-gants permettant de garder une certaine dextérité, que l’on enveloppera dans de plus grosses moufles la plupart du temps. La tête sera idéalement protégée par une cagoule, une chapka et un masque de ski bien choisi, pour éviter les gelures. Les pieds sont, eux, dans des chaussettes adaptées, vissés dans des chaussures de ski ou des bottes.

Les prix étant, là encore, très difficiles à estimer et variables d’une marque à l’autre, on se contentera d’évaluer le nombre de vêtements de chaque type. Si le nombre de ces vêtements est assez faible, c’est à la fois en raison de leur coût, de leur encombrement, et… De la difficulté à les enlever lorsque l’on est au milieu du Groenland, par de pareilles températures. Tant pis s’il n’existe pas de pressing au milieu des glaces, le froid aide au moins à atténuer les odeurs… ! On notera que certains sites facilitent l’achat de vêtements d’occasion, ce qui pourrait alléger la facture finale, bien que ce genre de vêtements soit peu courant.

Il faut au moins ça, pour ne pas finir comme Kenny.

En résumé:

– Sous vêtements thermiques (2 hauts, 2 bas)
– Cagoule (1)

– Polaires (2)
– Parka (1)
– Bottes (1 paire)
– Masque de ski (1)
– Chapka (1)