Ce dont j’ai besoin (old)

par | Fév 2, 2020

Pour mener une expédition polaire, il faut à l’évidence s’être préparé mentalement, physiquement et techniquement. C’est un voyage vers le Grand Nord, à la découverte de ses propres limites.

Défier des températures extrêmes implique une grande détermination, mais également le port de vêtements techniques, sous peine de rapidement voir sa détermination cryogénisée. Marcher trente jours durant nécessite autant de force mentale, mais également des vivres, étant constitué différemment d’un dromadaire. Enfin, en cas d’urgence, crier simplement “Au secours” serait aussi utile que la touche “¤” de votre clavier, et ne déclencherait probablement même pas d’avalanche. Mieux vaut compter sur la fiabilité d’une balise GPS !

Je ne pourrais pas éviter d’aborder le sujet de la préparation technique, qui ne peut malheureusement pas se faire entièrement sur YouTube, sans parler des billets d’avion pour aller (et revenir!) au Groenland.

En résumé, pour que cette expédition puisse voir le jour et soit un succès, il y a besoin d’argent et de matériel choisi soigneusement. Je détaillerais ici le matériel retenu pour l’expédition: si vous pouvez m’aider à en faire l’acquisition ou la location, je vous en serais très reconnaissant!

La préparation

 

Outre la préparation physique et mentale, qui recevront un traitement de faveur en faisant chacune l’objet d’un article à part, il faut se préparer techniquement à l’expédition. Comment s’habiller correctement ? Comment monter sa tente, ou s’abriter en urgence si on vient à la perdre? Comment boire et s’alimenter par -40°C ? Comment garder le cap, reconnaître le type de glace sur laquelle on se trouve, ou avancer en pleine tempête?  Dans une zone de compression ?

Cet échantillon des (très) nombreuses questions que l’on est amené à se poser lorsque l’on se lance dans ce type d’expédition, encore plus lorsque c’est une première en solitaire, doit trouver la majeure partie de ses réponses bien avant de partir. C’est pour cette raison que je trouve nécessaire d’apprendre d’explorateurs déjà rompus à ce genre d’exercices, et de pratiquer, avant de partir.

Pour ce faire, la participation à un stage de préparation de 3 jours à une expédition polaire, mené par un explorateur reconnu polaire reconnu dans le monde entier, serait la bienvenue! Ce stage se déroulera en Janvier 2021, dans les Alpes Suisses. Le coût de la participation s’élève à 750€, hors frais de déplacement.

En dehors de ce stage, je pense qu’il serait salutaire de pratiquer seul quelques jours, en tirant ma pulka et en bivouaquant dans ma tente. Un des endroits les plus favorables à ce genre d’entraînement est le parc national  d’Hardangervidda, en Norvège. Je pourrais m’y entraîner quelques jours, un peu plus d’un mois avant mon départ. Le prix de cet entraînement ne devrait pas excéder de beaucoup celui du déplacement vers le parc en question, puisque je passerais la nuit à bivouaquer !

 

En résumé:

– Stage de préparation dans les Alpes Suisses (750€ hors déplacement)
– Préparation de quelques jours dans le parc national d’Hardangervidda, en Norvège. (Coût du déplacement)

La sécurité, la communication, l’orientation

 

Pour partir en vadrouille dans des conditions de sécurité optimales, il faut comme pour le reste être bien équipé. Toute personne menant une expédition dans un endroit très isolé (comme un désert, les pôles, ou la calotte glaciaire Groenlandaise) doit se munir d’une balise de détresse (pour alerter les secours en cas de coup dur), d’un dispositif de guidage par satellite (comme le GPS, pour s’orienter), d’un tracker satellite (pour communiquer sa position à intervalles réguliers), et éventuellement d’un téléphone satellite. Rien que ça. Il existe même des dispositifs permettant de se connecter à Internet par satellite, bien que le débit offert soit extrêmement lent.

Au cours de mes recherches, j’ai trouvé deux appareils capables de satisfaire à ces besoins. 

Le premier est le Garmin Inreach Explorer+. Ce petit appareil tout-en-un, de conception solide, permet d’émettre des appels de détresse, de recevoir un signal GPS pour se guider, d’envoyer sa position selon un intervalle défini (toutes les dix minutes, par exemple), de recevoir la météo, et d’envoyer des SMS par satellite.

Cet appareil (environ 450€ neuf) permet de voyager dans de décentes conditions de sécurité. 

Le deuxième est l’Iridium Go. Plus onéreux que le précédent (800€), il permet d’accéder aux mêmes fonctionnalités, mais se dote de la faculté de passer des appels vocaux, en plus de donner accès à Internet. Cette possibilité s’assortit naturellement de la possibilité d’envoyer des images. Ces dernières fonctionnalités ne sont pas indispensables pour la survie, mais très appréciables pour quiconque désire suivre de près l’expédition. 

En dehors de ces précieux appareils électroniques, il faut bien évidemment emmener avec soi au moins deux boussoles, et savoir se repérer au moins approximativement en cas de défaillance de ces dernières.

 

En résumé:

– Garmin Inreach Explorer+ pour le prix (450€)
– Iridium Go pour la possibilité de communiquer facilement (800€)

Les déplacements

 

Les déplacements représentent la majeure partie du coût de l’expédition. Prendre l’avion, le train, et même l’hélicoptère, a un coût important. Il me faudra tout d’abord me rendre dans les Alpes Suisses pour un stage de préparation de 3 jours en Janvier 2021. Ensuite, aller m’entraîner pour éprouver mes connaissances et mon matériel en Norvège, dans le parc national d’Hardangervidda (fin Février 2021).

Enfin, il me faudra me rendre au Groënland et en revenir, en prenant en compte le fait que seul un héliport se trouve au point de retour, où je devrais prendre un hélicoptère et faire 80 kilomètres pour atteindre l’aéroport le plus proche, inaccessible à pieds.

Les prix varient en fonction de la date de réservation: mieux vaut réserver plusieurs mois à l’avance pour que les prix ne s’envolent pas.

Coût total estimé: environ 3100€.

 

En résumé:

– Vol aller pour Kangerlussuaq (environ 1200€)
– Hélicoptère d’Isortoq à Kulusuq (250€ environ)
 – Vol retour Kulusuq – Paris (environ 1200€)
– Aller-retour dans les Alpes Suisses, pour effectuer le stage de préparation (Environ 250€)
– Vol aller-retour pour Oslo et train aller-retour pour le parc national d’Hardangervidda (Environ 250€)

Le matériel

 

Suivre le cercle polaire arctique sur une longueur d’environ 600 kilomètres implique d’avoir une bonne tente, capable de résister aux tempêtes glaciales balayant parfois l’Inlandsis Groenlandais. De même, une pulka (luge) la plus légère et résistante possible, même par -40°C, est indispensable. Avoir des skis adaptés ainsi que de quoi recharger ses appareils électroniques est tout aussi vital. 

Le coût élevé de ce matériel et la nature du besoin (ponctuel) amènent à considérer très sérieusement l’option de la location pour certains équipements. Ainsi, une tente de bonne facture comme la Hilleberg Arkto 1 coûte quasiment 700€ à l’achat, contre 200€ pour une location d’un mois. Un sac de couchage adapté à une telle expédition peut se trouver pour environ 200€ (Lamina z Bonfire -34°C), le tarif de la location étant presque aussi élevé que celui de l’achat. Une bonne pulka (taille importante, résistante à -40°C, peu d’adhérence) se trouve aux alentours de 500-600€. Le coût peut être divisé par deux en faisant le choix de la louer plutôt que de l’acheter.

Les skis nordiques ne sont pas à oublier, les tarifs variant en fonction de la marque et de la qualité choisie. Pour un mois d’expédition, mieux vaut ne pas se tromper, tout en s’évitant des dépenses superflues. Il est difficile d’avoir un ordre d’idée du prix sans bien connaître le matériel, c’est pourquoi on estimera pour l’instant “à la louche” un prix neuf de 250€, qui sera peut-être éloigné de la réalité, dans un sens ou dans l’autre.

L’achat, neuf comme d’occasion, possède néanmoins l’avantage de permettre une revente, entraînant donc peut-être un coût final moindre. De plus, l’intérêt de la location est plus discutable dès lors que l’on considère le fait qu’il faudra également louer quelques jours lors de l’entraînement en Norvège, dans le Hardangervidda.

Alors, achat ou location? Il faut, à mon sens, considérer avant tout les opportunités qui se présenteront pour chaque équipement, avant de prendre une décision.

 

 

En résumé:

– Tente: 700€ (achat), ou ~200€ (location d’un mois)

– Sac de couchage technique (-35°C): ~200€

– Pulka: 550€ (achat), ou 200€ (location d’un mois)

– Panneau solaire: Entre 40€ et 100€

– Skis nordiques: Environ 250€ (neufs, estimé à la louche)

Les vivres

 

 Chaque journée, qu’elle soit productive ou non, nous coûte de l’énergie. Cette énergie peut-être mesurée par les calories, qui sont apportées à notre organisme sous forme de nourriture. Jusque là, j’espère ne rien vous apprendre. Lorsque nous faisons du sport, cette dépense énergétique augmente, et donc avec elle, notre besoin en calories. (D’accord, vous devez penser qu’il vaut mieux ne pas être une porte ouverte lorsque je suis dans les parages.)

Lorsqu’il fait froid, notre dépense calorique augmente drastiquement, parce que le simple fait de se maintenir à 37°C nécessite de produire bien plus de chaleur qu’à l’accoutumée, et donc de brûler beaucoup plus de calories. Notre métabolisme augmente. Il est très courant pour les explorateurs polaires confrontés à des températures extrêmement basses, de consommer entre 6000 et 8000 kilocalories par jour, contre 2200 kilocalories par jour pour un homme sédentaire !

Il faut donc manger énormément. Pour emporter un mois de nourriture dans sa pulka, il faut réduire au maximum le poids de la nourriture (en prenant de la nourriture sèche, lyophilisée), et veiller à emporter avec soi des aliments très caloriques (du gras: des lipides). Pour boire et pour hydrater les aliments, on fait fondre de la neige à l’aide d’un réchaud multi-combustible, qui fonctionne avec du carburant. Il faut donc aussi prévoir quelques litres de fuel dans son traîneau.

La routine d’une expédition polaire consiste à généralement manger toutes les heures, avec un vrai repas le soir et un vrai petit déjeuner le matin. On mange le repas lyophilisé le soir, et des barres énergétiques, de la viande séchée, et des aliments très caloriques le reste de la journée (beurre, fruits secs, amandes…), avec un pic lors du déjeuner.

Il faut donc prévoir un réchaud, du fuel pour 30 jours (250mL/jour, réserve de sécurité incluse), une trentaine de repas lyophilisés (8€/repas en moyenne), de la viande séchée, quelques dizaines de barres de céréales, ainsi que des aliments le plus gras possible. Il est très difficile d’estimer le coût global, sans connaître les éventuelles remises possibles sur l’achat en gros.

Quoiqu’il en soit et comme pour le reste, la générosité de sponsors sera la très bienvenue. 

 

En résumé:

– Un réchaud multi-combustible (environ 150€)
– Du fuel pour 30 jours (8L)
– Une trentaine de repas lyophilisés (~200€)
– Une petite centaine de barres énergétiques
– De la viande séchée

Les vêtements

 

 Les peuples nordiques ont une grande habitude du froid: ils savent très bien comment s’habiller pour se prémunir du froid extrême. Ils nous enseignent que pour ce genre de températures, il faut s’habiller en adoptant un système de couches: ces dernières permettent d’isoler de l’air “chaud” entre les différentes couches de vêtements (chauffé par notre propre corps), qui nous empêche de perdre trop de chaleur si nous sommes suffisamment bien isolés de l’extérieur. Néanmoins, nous nous perdons bien plus de chaleur au contact d’un liquide, que d’un gaz comme l’air. Aussi, il faut absolument veiller à évacuer la transpiration, sous peine de finir congelé! 

Ainsi, la première couche est une couche de sous-vêtements thermiques relativement moulante, permettant d’évacuer la transpiration. La deuxième couche sera constituée d’un vêtement en “polaire”, dont la surface grattée permet d’emprisonner un maximum d’air entre la 1ère et la 2ème couche, et donc de se protéger du froid autant que possible. Enfin, la dernière couche sera constituée d’une parka et d’un pantalon 3-en-1, à la fois chauds et imperméables au vent comme à l’eau.

Pour ce qui est des extrémités, on choisit des sous gants permettant de garder une certaine dextérité, et de plus grosses moufles qui servent la plupart du temps. La tête sera elle idéalement protégée par une cagoule, une chapka et un masque de ski bien choisi, pour éviter les gelures. Les pieds sont, eux, dans des chaussettes adaptées, vissés dans des chaussures de ski ou des bottes.

Les prix étant encore une fois très difficiles à estimer et variables d’une marque à l’autre, on se contentera d’évaluer le nombre de vêtements de chaque type. Si le nombre de ces vêtements est assez faible, c’est à la fois en raison de leur coût, de leur encombrement, et… De la difficulté à les enlever lorsque l’on est au milieu du Groenland, par de pareilles températures. Tant pis s’il n’existe pas de pressing au milieu des glaces, le froid aide au moins à atténuer les odeurs… ! On notera que certains sites facilitent l’achat de vêtements d’occasion, ce qui permet d’alléger la facture finale, bien que ce genre de vêtements soit peu courant.

 

En résumé:

– Sous vêtements thermiques (2 hauts, 2 bas)
– Cagoule (1)

– Polaires (2)
– Parka (1)
– Bottes (1 paire)
– Masque de ski (1)
– Chapka (1)

Autre chose ?