A propos de moi

Je m’appelle Moufid Taleb, j’ai 27 ans, je me prépare à traverser le Groenland en Avril 2021. Très bien. Mais qu’est ce qui m’amène à vouloir accomplir ce périple ?

On a tendance à se présenter, voir se définir (à tort ?), à travers son métier. En ce qui me concerne, je suis développeur. Autrement dit, je participe à construire de grosses applications web, pour différentes entreprises. Ce métier me plaît beaucoup: on doit sans cesse inventer de nouvelles solutions à de nouveaux problèmes, tout en apprenant tous les jours. Je travaille dans la région Rouennaise, où j’habite depuis longtemps, bien que je sois Lyonnais. Mais je ne suis plus seulement développeur. Aujourd’hui, je suis aussi, et même d’abord, explorateur.

Depuis mon plus jeune âge, une insatiable curiosité m’habite et me fait aimer apprendre, sans cesse, de nouvelles choses. On a une vie entière pour nous intéresser au monde qui nous entoure, d’autant qu’il est diablement captivant ! Cela m’a aidé à garder une disposition d’esprit éclectique. A me passionner pour des sujets aussi divers et fascinants que les fourmis, le sport, la nature, les animaux, la littérature, les sciences… Cette liste n’est pas exhaustive. Parfois, il me faut me canaliser. Je suis aussi amateur de sport (boxe, football, tennis…), et me suis récemment découvert un certain attrait pour la photographie.

C’est la curiosité, une furieuse envie de me sentir vivant, de vivre mes rêves qui m’ont amené là.

Entre curiosité et imagination nourrie

 

Enfant, je lisais énormément. Des centaines de pages par jour. L’être humain doit continuer à lire ! C’est en partie de nos lectures que nous tirons nos rêves, et développons notre imagination. Un jour, le sale gosse que j’étais a lu Les Royaumes du Nord, The Northern Lights en anglais. Ce récit m’a marqué: les évènements s’y déroulent dans le grand Nord, au Svalbard, dépeint comme une terre sauvage, fascinante à tout point de vue. Un endroit que n’importe quel enfant rêverait de parcourir… J’ai gardé un souvenir excellent de ce roman.

Les années passant, devenu adulte, je suis entré dans la vie active. Désireux, comme ma fiancée, de voyager et découvrir le monde, j’ai réalisé que certains rêves d’enfant étaient à portée de main, pour peu que je m’en donne les moyens. En quête du prochain endroit à découvrir, que j’espérais sauvage et froid (le réchauffement climatique menaçant l’Arctique tel que nous le connaissons de disparition), je suis tombé sur le Svalbard. Ce nom a réveillé en moi des sentiments enfouis, éprouvés en lisant ce fameux livre, quinze ans plus tôt. Quelques recherches ont achevé de nous convaincre ma compagne et moi que c’était là-bas qu’il fallait se rendre, et en hiver. Peu importait le froid glacial de ces contrées, plus septentrionales que la Laponie. Au contraire !

Ensuite, tout est allé très vite. J’ai passé des dizaines, des centaines d’heures à me documenter sur le Svalbard, les mondes polaires. Cela m’a naturellement amené à découvrir l’histoire de ces lieux… Et, de fil en aiguille, des explorations polaires. J’ai dévoré les livres, films, des pionniers de l’exploration polaire, et d’autres aventuriers plus contemporains. Voulant ramener de beaux souvenirs de voyage du Svalbard, j’ai investi dans du matériel photographique digne de ce nom. Ce qui m’a fait passer quelques dizaines d’heures à apprendre les bases.

“Les Royaumes du Nord”, premier livre à m’avoir fasciné, enfant, sur le sujet

Le Svalbard… Un lien sauvage et envoûtant.

“L’Odyssée de l’Endurance”, récit de la formidable épopée du pionnier Sir Ernest Shackleton

Comment? Plutôt que pourquoi.

Lorsque je me passionne pour une chose, tout va toujours très vite, n’étant pas du genre à me poser beaucoup de questions. Par exemple, après avoir lu “Les fourmis” de Bernard Werber, j’en ai élevé pendant deux ans. D’après l’auteur, ces charmants insectes ne sont pas du genre à se demander “Pourquoi ?” mais plutôt “Comment ?”. J’essaie d’adopter le même mode de fonctionnement. On gagne à simplement chercher comment réussir, plutôt qu’à énumérer toutes les raisons pour lesquelles on en serait pas capable, ou on aurait besoin de quelqu’un d’autre.

Les aventures de Sir Ernest Shackleton, Amundsen, Scott, Horn et tant d’autres, m’ont autant impressionné que fait envie. Quelle volonté, quelles aventures, quelles émotions ont-ils du ressentir ! S’ils avaient considéré que c’était impossible, ils n’auraient jamais réussi. Je ne compte pas me contenter du superbe spectacle des paysages de l’Arctique: il me faut vivre les mêmes émotions. Connaître la véritable peur, le doute, l’euphorie, la fatigue. Me sentir en vie, avoir le sentiment d’appartenir à la nature, en jouant avec ses règles. Si d’autres en sont capables, si peu nombreux soient-ils, pourquoi pas moi ? Ou vous ?

Je ne suis pas explorateur, mais je vais le devenir. Les connaissances, j’irai les chercher partout où elles se trouvent. Seul, je n’ai absolument pas de quoi financer mon expédition: mais je convaincrai des sponsors de me soutenir, même si je n’ai jamais fait ça auparavant. Physiquement, il n’y a qu’à me défoncer pendant plus d’un an pour me mettre au niveau. Je n’ai aucune expérience de la communication, mais je peux apprendre les bases de la photographie, du montage vidéo, et animer des réseaux sociaux. Je peux parfaire ma maîtrise technique en stage, puis seul en Norvège ou en Suède. Pour organiser ce projet et convaincre de me suivre, il n’est besoin que de temps, de discipline, et surtout de volonté.

Réussir cette expédition ne m’est donc, définitivement, pas une chose impossible. Si j’ai 1% de chance d’y arriver, alors il ne faut pas me poser de question. Je vais y arriver !

Une volonté de vivre, et mieux me connaître

 

Savoir que c’est possible n’est pas nécessairement suffisant pour se lancer. Oui c’est vrai, ce n’est pas peut-être pas complètement inconcevable. Mais n’est-ce pas un peu tôt ? Ou trop ardu ? Pourquoi ne pas me contenter de faire de petits treks pour voir du paysage ? Si ça ne me suffit pas, je pourrais toujours réfléchir à ce projet plus tard ?

Lorsque l’on a pris conscience que chaque jour de sa vie est important et que l’on en a qu’une, que le moment plus opportun pour vivre sa vie est l’instant présent et non le futur, on ne réfléchit plus du tout de cette façon. Ce rêve, c’est maintenant qu’il faut le réaliser, et je sais que je ne le regretterai pas.

Partir seul, pendant un mois, c’est aussi l’assurance de me trouver seul face à moi-même. Aujourd’hui, c’est un luxe. Notre temps de cerveau disponible est l’objet de toutes les convoitises, on se retrouve très rarement seul, capable de recul sur le monde comme sur soi-même. J’ai beaucoup d’admiration pour les explorateurs que j’ai cités, et imagine difficilement ce que j’aurais fait si j’étais à leur place. Aurais-je tenu le coup ? Finalement, qu’est ce que j’ai réellement dans le ventre ? Il est impossible de le savoir en restant bien au chaud dans un bureau. Peut-être suis-je moins solide que je l’imagine, à moins que ce ne soit le contraire ? C’est dans la difficulté, lorsque l’on est exposé aux doutes, à la douleur, à la fatigue, que l’on peut trouver des réponses.

Quelle belle idée que l’on puisse être à la fois astronome et astronaute. Le comble serait de pouvoir transmettre ces émotions et cette volonté de vivre sa vie à fond, à tous ceux qui seront intéressés par la chose. Avec plaisir, puisque j’aime écrire et raconter des histoires.

Nul doute qu’à mon retour, je connaitrais bien mieux ce Moufid Taleb.

A la rencontre de soi-même.